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Plan de sobriété : par où commencer ?

Posté le 4 septembre 2023

« Il est possible de débuter une démarche cohérente de sobriété en 3 mois »

Avec l’approche de l’hiver, les entreprises et les collectivités se penchent sur leur Plan de sobriété pour la seconde année consécutive. Pour Jonas Jaffon, Energy Manager, elles restent trop peu préparées mais en quelques semaines des 1e actions à impact peuvent être mises en place.

Bonjour Jonas, pouvez -vous nous expliquer votre rôle chez Sobre Energie ? En quoi consiste le quotidien d’un Energy Manager ?

Chez Sobre Energie, nous aidons les entreprises et les collectivités à réduire les consommations et l’impact des bâtiments grâce à une analyse critique de leurs données.

Nous couvrons donc une large typologie de bâtiments : des immeubles de bureaux, des entrepôts logistiques et même des hangars industriels côté entreprises. Pour les collectivités, ça peut être des salles de concerts, des musées, des gymnases par exemple.

Personnellement, mon rôle consiste à analyser les caractéristiques de consommation, à visiter les bâtiments et à examiner les équipements pour détecter des gisements d’économies. Ensuite, je formule des recommandations pour organiser la stratégie énergétique et orienter les actions et les investissements.

Est-ce que tout le monde sait ce qu’est le Plan de sobriété ? Les entreprises et les collectivités se sont-elles préparées pour cet hiver ?

C’est vrai qu’il y a un regain de motivation pour le sujet du Plan de sobriété depuis la flambée des prix et les tensions liées au conflit ukrainien.

Les entreprises et les collectivités comprennent le triple intérêt d’un Plan de sobriété : faire des économies, valoriser sa politique RSE en interne et à l’externe, et participer à l’effort national de souveraineté.

« Pourquoi est-ce qu’on a consommé 10% de moins en 2022-2023 ? C’est grâce à nos efforts ou bien parce que l’hiver était plus doux ? »

Mais on se rend bien compte lorsqu’on les rencontre que le sujet n’est encore abordé qu’en surface. Beaucoup ne sont pas équipées pour collecter la donnée et celles qui ont de l’information n’ont pas les compétences pour les traduire de manière pertinente.

Par exemple, la rigueur climatique a très peu été intégrée dans l’analyse de l’hiver passé. Pourquoi est-ce qu’on a consommé 10% de moins en 2022-2023 ? C’est grâce à nos efforts ou bien parce que l’hiver était plus doux ?

Dans les faits, on a eu un hiver 10% plus doux que le précédent et même le gouvernement s’est montré évasif à ce sujet.  Pour 2023-2024, attention à la douche froide.

Quels sont les inquiétudes de vos clients à l’approche de l’hiver : leurs factures, les pénuries, la conformité ?

Beaucoup pensent que comme l’hiver dernier s’est bien passé alors qu’il devait être terrible, l’hiver à venir devrait passer sans encombre également. Mais ce n’est pas aussi simple.

Cette année, le risque de pénurie est moins élevé mais c’est la facture qui peut faire des dégâts.

C’est d’ailleurs sur le chauffage qu’il faut axer ses efforts. Il représente à lui seul 50% de la facture énergétique des bâtiments. C’est un levier qui est difficile à activer si les usagers ne sont pas sensibilisés mais il va falloir le mettre sur la table. Ce qui fait peur en fait, c’est de devoir se forcer à avoir froid.

Est-ce que c’est possible de mettre en place des choses qui marchent en 3 mois ? Ou est-ce que c’est trop tard ?

En 3 mois c’est tout à fait possible. Il faut donc commencer par challenger les températures de 1 ou 2 degrés et sensibiliser les collaborateurs. Sans efforts conséquents ni investissements, on a déjà un impact de 5 à 10%.

Il suffit dans la majorité des cas de porter un pull en intérieur, de réduire la température de consigne et d’éteindre les chauffages la nuit et le week-end.

Il peut y avoir de l’inertie parce que nous avons de mauvaises habitudes depuis quelques décennies, mais c’est tout à fait atteignable.

Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui n’a pas encore entamé de démarche de sobriété ? Par où commencer à quelques mois de l’hiver ?

Au-delà des actions « faciles » de sensibilisation et de réduction du chauffage, il est possible de débuter une démarche cohérente de sobriété en 3 mois.

  • Il faut d’abord récolter la donnée, avec une plateforme dédiée par exemple, pour savoir où on se situe et mesurer l’impact de ses actions.
  • Ensuite, on installe des capteurs et des éléments de régulation pour mieux gérer l’exploitation (consignes, réduits de températures quand le bâtiment est vide, horaires d’éclairages, etc.).
  • Enfin, on peut réaliser des investissements légers à impact immédiat, comme équiper les radiateurs de têtes thermostatiques, de LED ou de stores.

« En mettant des capteurs, ce qu’on observe le plus souvent c’est que les températures réelles observées n’ont rien à voir avec ce qui est prévu. »

Le B-A à BA, c’est d’avoir la bonne information pour agir. Nous rencontrons souvent des entreprises qui pensent avoir de la donnée, l’exploiter et la contrôler. Mais en mettant des capteurs, ce qu’on observe le plus souvent c’est que les températures réelles observées n’ont rien à voir avec ce qui est prévu.

Le thermostat est réglé sur 20°C en journée et 17°C le soir, mais on mesure des températures de 22 à 23°C en journée. Il faut donc challenger l’existant.

Quels objectifs sont réalistes quand on part de zéro ?

En s’y mettant en septembre et avec une bonne organisation, on peut espérer 10% d’économies d’énergies. C’est ce qu’on observe chez Sobre en moyenne sur un parc en prenant en compte la rigueur climatique. Disons 10% pour les bons élèves et 5% pour ceux qui ont plus d’inertie.

C’est rentable la sobriété ? Sur combien de temps vos clients rentabilisent-ils leur investissement ?

Certains de nos conseils auront des effets immédiats dès le premier hiver (actions de sensibilisation) et d’autres seront pérennes pour les hivers à venir (installation de la plateforme, mise en place de capteurs, etc.).

Pour ces investissements pérennes, le ROI se fait sur 4 ans en moyenne. C’est-à-dire qu’une mission réalisée cet hiver sera rentabilisée après quatre hivers.

Mais le plan de sobriété n’est que le premier jalon, il ne faut pas le prendre individuellement. Une fois que la plateforme est en place, de nouvelles actions de réduction de la consommation peuvent être mises en place facilement et à moindre coût !

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