Le 25 juin 2025, l’Association des Directeurs Immobiliers (ADI) organisait un Petit Déjeuner au Cercle de l’Union Interalliée, réunissant décideurs publics, acteurs privés et experts du secteur autour d’une question essentielle : comment faire évoluer nos stratégies immobilières pour répondre à la fois à l’urgence climatique, aux contraintes réglementaires et à la pression énergétique ?
En ouverture, Franck Lirzin, Directeur de la stratégie, des clients et de la maîtrise d’ouvrage chez SNCF Immobilier, a posé le cadre : « L’immobilier est au croisement de trois tensions : le climat, l’énergie et l’usage. Face à cela, il faut passer d’une logique de gestion technique à une véritable stratégie de transformation du patrimoine. » Un propos fort qui a ouvert la voie à des retours d’expérience concrets et des visions opérationnelles portées par La Poste Immobilier, Nexity, Colliers France, et d’autres grands acteurs du secteur.
Résilience climatique : anticiper les risques pour adapter les actifs
La Poste Immobilier a rappelé que les sinistres liés aux aléas climatiques coûtent déjà 500 millions d’euros par an au secteur. Pour y répondre, l’entreprise a initié une enveloppe d’investissement dédiée à l’adaptation, mobilisable sur plus de 400 actifs, avec l’objectif de renforcer leur résilience structurelle tout en conservant une trajectoire énergétique ambitieuse.
Sobriété énergétique : des résultats mesurables et reproductibles
En parallèle de cette stratégie d’adaptation, La Poste Immobilier a présenté les résultats de son plan de sobriété 2022-2023, avec une réduction de 18 % des consommations énergétiques sur l’ensemble de son parc. Cette performance a été obtenue grâce à un plan coordonné : extinction du chauffage sur les surfaces vacantes, mobilisation interne via le concours Cube IFPEB (avec 50 sites lauréats), contractualisation via des CPE avec clauses d’intéressement, et un pilotage centralisé grâce à la plateforme DATAMARC Néo.
Production locale d’énergie : un levier stratégique vers l’autonomie
Face à la hausse des prix de l’énergie et à l’électrification des usages, La Poste Immobilier poursuit une trajectoire ambitieuse en matière de production locale. L’objectif annoncé est de produire 20 GWh d’électricité solaire d’ici 2030, contre 2 GWh aujourd’hui, en équipant les toitures et parkings de ses sites logistiques avec des ombrières photovoltaïques.
Badr Rharbi, Directeur Technique de La Poste Immobilier, a souligné : « La production locale est un levier indispensable pour sécuriser nos consommations sur le long terme. Elle complète notre stratégie de sobriété et anticipe l’électrification croissante des usages, notamment pour les mobilités. »
Cette stratégie s’accompagne d’initiatives sur le stockage stationnaire, les bornes IRVE bidirectionnelles et l’optimisation des flux via les outils de GTB.
GTB : faire de l’exploitation un vrai levier de performance
Le décret BACS impose désormais des systèmes de GTB dans les bâtiments tertiaires, mais leur efficacité réelle dépend fortement de leur exploitation.
Olivier Autret, Directeur chez Nexity Entreprises, a pointé un enjeu structurel : « Les GTB livrées par les promoteurs fonctionnent au démarrage, mais c’est bien la qualité de leur exploitation dans la durée qui pose question. »
Face à cela, des solutions comme la GTB Light, conçue pour les surfaces moyennes ou diffuses, permettent un pilotage simplifié, centré sur les dérives, avec une interopérabilité pensée pour les utilisateurs non spécialistes.
Concevoir des bâtiments neufs sobres, résilients et efficaces
Sur le volet de la promotion immobilière, Nexity a mis en avant une approche intégrée de l’efficacité énergétique. L’entreprise mise sur l’usage systématique des pompes à chaleur, le recours à la géothermie, et des solutions passives comme la ventilation naturelle ou le compartimentage thermique.
Les projets sont conçus pour anticiper la raréfaction des ressources, avec des bâtiments capables de fonctionner sans systèmes de chauffage ou de refroidissement actifs, et intégrant d’emblée des stratégies de flexibilité énergétique.
Faire de l’ESG un moteur de création de valeur
Kateryna Kuzmenko, Head of Sustainability & ESG Advisory chez Colliers France, a rappelé que la durabilité ne peut plus être considérée comme un « bonus » : elle devient un critère structurant de la valeur d’usage et de revente.
« Le sujet ESG prend une part de plus en plus importante auprès des dirigeants. Il n’est plus question de faire de la durabilité une option, mais bien de l’intégrer comme un levier de création de valeur et de résilience à long terme. »
Colliers accompagne désormais ses clients dans des stratégies alliant autoconsommation solaire, valorisation énergétique des parkings, stockage stationnaire et pilotage intelligent des usages.
Conclusion : agir à l’échelle du parc, avec cohérence et ambition
Ce Petit Déjeuner de l’ADI a confirmé que la réussite de la transition énergétique ne dépend plus d’initiatives isolées, mais de la capacité à articuler sobriété, efficacité, adaptation et résilience à l’échelle d’un parc immobilier.
Les solutions techniques existent. Leur déploiement dépend aujourd’hui de la gouvernance, des moyens alloués, de la qualité de l’exploitation, et d’une lecture stratégique cohérente de la trajectoire bas carbone